Roulant, contre son habitude,
Un jour faire trêve à l'étude,
Sur le bord du Rhin, Quetelet,
Non loin de Bonn, se promenait.
Il venait d'assister au lever de l'aurore ;
Ses pieds foulaient le thym ;
Il tenait à la main
Des roses qui venaient d'éclore ;
Il voyait trotter Jean lapin.
Bientôt, dans le lointain,
Se lève le soleil ; il apparaît, il dore
De ses rayons de feu la vallée et le Rhin.
Notre savant admire ce beau fleuve,
Que des esquifs parcourent en tous sens :
-Quel plaisir, dit-il, je ressens !
Il faut qu'aujourd'hui je m'abreuve
D'oisiveté:
A demain les calculs et leur aridité !
Du rivage il s'approche,
Tranquillement s'assied sur une roche,
Regarde l'onde fuir avec rapidité,
Et dans un doux farniente
S'abandonne au plaisir que ce spectacle excite.
Tout en regardant il médite :
Son esprit, lent d'abord, marche bientôt plus vite,
Et, de plus en plus agité,
Revient au grand galop à son activité.
Des ondes Quetelet suppute la vitesse ;
Les a plus b, comme quand il prosesse,
Arrivent à la file escortés d'x i grecs,
Et dans les calculs les plus secs
Le voilà qui s'enfonce..... Ensuite il se demande
(De la solution ma muse n'est friande)
Si la vitesse de ces flots
Reste la même, ou devient variable.
Ce dernier cas lui paraissant probable,
Il cherche la moyenne..... Où diable
M'entraîne mon sujet ? Je me perds dans les eaux !
Par ce récit très-véritable
On voit combien le naturel
Et l'habitude ont de pouvair réel.
Jean l'avait dit dans une fable.