La poule se plaignait, dans sa douleur amère,
À tous les échos d’alentour ,
De voir enlever chaque jour,
Par une avide ménagère,
Son œuf, qu’elle cachait avec le plus grand soin
Dans le fond d’un grenier à foin.
— La saison des amours sera bientôt passée,
Disait-elle en pleurant à la cane empressée,
Qui menait jusqu’au réservoir
De petits canetons une troupe nombreuse ;
Hélas ! que je serais heureuse,
Si, comme toi, je pouvais voir
Autour de moi courir une jeune famille !
Mais non ! tout espoir est perdu :
Mon œuf est enlevé sitôt qu’il est pondu !
— Pourquoi ! parce que tu babilles,
Répondit la cane en riant ;
C’est que tu te montre * imprudente,
En révélant de ta voix éclatante
Ta cachette à chaque passant.
Quelle leçon tirez-vous de ma fable ?
Mesdames, devinez ! c’est qu’il ne faut jamais…
Arrêtons-nous : je cesse d’être aimable…
Trop parler nuit ; je tremble et je me tais.