Un vieux poirier aurait voulu,
Ne produisant d’ailleurs qu’un fruit âpre et sauvage,
Que chacun lui rendit hommage,
Depuis qu’en son tronc vermoulu
Des abeilles laborieuses
Avaient construit leurs gâteaux odorants ;
Aussi se plaignait-il des indiscrets passants,
Aux mains trop peu scrupuleuses,
Qui savouraient son miel et semblaient oublier
Qu’ils devaient le remercier.
— Ta plainte me paraît injuste,
Lui réplique alors un arbuste :
Ce miel dont tu sembles si fier
Ne rend pas ton fruit moins amer :
Ce n’est point toi, je le suppose,
Mais l’abeille, qui le compose ;
Pourquoi prétends-tu donc à des remerciements ?

Il est, ici-bas, bien des gens
Qui, pour avoir reçu quelque noble visite,
Ou dîné par hasard près d’un homme érudit,
Croiront sans hésiter qu’ils ont un grand mérite,
Et se trouveront de l’esprit.





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