Les Singes et le Lion Louis-François Jauffret (1770 - 1850)

Sur les bords du Niger, dans ces forêts sauvages
Où l'oeil du voyageur ne pénétra jamais,
Des Singes pétulans, grotesques personnages,
Grimaçaient à leur aise, et gambadaient en paix.
L'un d'eux, au lever de l'aurore,
C'était un Magot jeune encore,
D'autres disent une Guenon,
Posté sur un palmier comme sur un donjon,
Regarde au loin, et voit sortir de sa tanière
Un Lion secouant son épaisse crinière,
Et marchant, à travers le silence des bois,
Avec la gravité qui distingue les rois.
Le jeune Magot le remarque,
Puis dit à son vieux père : est-ce là le monarque
Dont ces forêts suivent les lois ?
Il est moins gai que nous. Dans cette solitude,
H semble promener l'ennui, l'inquiétude.
Ses yeux par le chagrin paraissent obscurcis.
— Que veux-tu, mon enfant ? les rois ont leurs soucis.

Livre III, Fable 23




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