Le Dieu que Ganymède abreuve de nectar,
Jupiter, roi du ciel, de la terre et de l'onde,
Emporté sur son aigle ainsi que sur un char,
Avait quitté l'Olympe, et parcourait le monde.
Le tonnerre muet sommeillait dans ses mains.
Nul voile ne servait à le rendre invisible :
Attirés de fort loin par son regard paisible,
Sur ses pas accouraient Faunes, Nymphes, Silvains.
Tout à coup le fougueux Éole
Aux Vents adresse la parole.
Mes amis, Jupiter nous visite aujourd'hui.
À l'instant sur la terre entière
Dispersez-vous ; et devant lui,
Allez balayer la poussière.
Il dit. L'essaim bruyant déjà s'est élancé.
Sur la route du Dieu dont la main tient la foudre,
Borée, Auster, Eurus, de leur souffle empressé,
Élèvent un nuage et de sable et de poudre.
Jupiter en est éclipsé.
Malheureux, leur cria le Dieu tout en colère,
Fuyez ! vous me rendez des honneurs insultants.
Les soins officieux ne peuvent que déplaire,
S'ils sont rendus à contre-temps.