Devant le Dieu qui trône au-dessus des nuages,
Et qui de là régit ces misérables plages
Que notre sot orgueil appelle Y Univers,
Deux hommes affublés du beau titre de sages
Discouraient à tort à travers.
« Quiconque, disait l'un, ne craint pas de déplaire
Au Dieu puissant qui nous donna le jour,
Dans des feux éternels brûlera sans retour. »
« J'en suis sûr, reprit l'autre, un repentir sincère,
Désarmant ce Dieu tutélaire,
Fera tomber la foudre de ses mains ;
Car enfin, des faibles humains
S'il est le juge, il est aussi leur père.
Pourquoi donc nous le peindre implacable et colère ?»
« Arrête, penseur téméraire !
Et respecte du ciel les ordres souverains,
S'écria le premier. Oses-tu, ver de terre,
En doutant des tourments éternels de l'enfer,
D'un Dieu vengeur limiter la puissance ? »
« Et toi, chétif mortel, interrompt Jupiter,
Qui t'a donné le droit de borner ma clémence ? »