Un Trône, un jour se trouvant près d'un Lit,
Lui reprochait avec noblesse
Et son duvet et sa mollesse.
« Sybarite, dit-il, tu crains le moindre bruit ;
L'éclat du jour te déplaît et te blesse ;
L'indolent te recherche, et le héros te fuit :
Tu servis en tous lieux de temple à la paresse ».
Le Lit, sans se fâcher, doucement répondit :
« Abaisse, mon ami, ce superbe langage.
Je ne sais qui des deux sur l'autre a l'avantage :
Parfois tu prends mon rôle, et j'use de tes droits ;
Tu le sais tu connais les princes et les dames ;
Souvent le lit est le trône des femmes,
Et le trône souvent devient le lit des rois ».