Les vieux rabbins, dans leur légende,
Disent que Dieu créa deux femmes tour à tour,
La première se crut trop grande
Pour subir les lois de l'amour ;
Elle voulut à l'homme en tout rester égale,
Et craignant d'avoir le dessous
Dans la dispute conjugale,
Demanda que ses nœuds d'abord fussent dissous.
Entre les deux rivaux pour éviter la guerre,
Le ciel alors la transporta
Dans un autre coin de la terre
Où seule et fière elle resta ;
Seule dans sa froideur amère,
Sans espérance et sans amant.
Et Dieu lui dit pour châtiment :
Jamais tu ne deviendras mère.
Ne pouvant avoir des enfants,
Elle se fit des prosélytes,
Et les fables israélites
Veulent que dans l'exil, ses vices triomphants
Aient servi de modèle à ces femmes savantes
Toujours sèches, toujours pédantes,
Qui prêchent le divorce et la stérilité,
Sous prétexte d'égalité.
Elles n'ont plus de sexe, incroyables bipèdes,
Et si Dieu ne les fit pas laides,
Ce sont des monstres de beauté.
Symbole :
Lilith est le même personnage qu’Astaroth ou Astarté. Elle a une sœur qui se nomme Nahéma. Ce sont les démons de la stérilité et de la débauche.
Lilith est la reine des Stryges : c’est elle qui étouffe les petits enfants au berceau. C’est en son honneur que les sorcières versent le sang des innocents, et c’est pour plaire à Nahéma qu’elles composent des philtres infâmes avec les impuretés sans nom que leur fournissent les Incubes et les Succubes.
Ce sont les fantômes de l’hystérie et de la nymphomanie, fantômes évoqués par les rêves brûlants du célibat ou par la fièvre de l’orgie.
Suivant les kabbalistes hébreux, celui qui se voue à la solitude sexuelle consacre à Lilith la postérité qu’il tue dans son germe et abandonne ses nuits désolées aux stériles embrassements de Nahéma.
Ils disent aussi que Lilith et Nahéma corrompraient le monde par leur souffle empoisonné, si les petits enfants qui respirent en étudiant la loi dans les écoles israélites ne purifiaient l’atmosphère. On ne trouve que chez les Juifs ces images tout à la fois si gracieuses et si pleines d’un sens profond. La chasteté attachée à l’enfance, l’haleine des enfants qui étudient la loi de Dieu, ce souffle de simplicité et d’innocence purifiant l’air infecté par les passions impures, que ces idées sont religieuses et belles ! quelle consolation pour les mères ! quelle bénédiction pour les enfants !
Le génie d’Israël sera encore le salut du monde quand l’esprit d’intelligence aura ouvert la porte des symboles avec les clefs de Salomon.
La méthode des rabbins kabbalistes était d’exagérer les symboles pour les expliquer ; ils couvraient ainsi le voile d’un nouveau voile, afin de forcer le bon sens à deviner l’esprit sous l’absurdité évidente de la lettre. Ainsi, à ceux qui trouveront incroyable que Samson, après avoir tué mille Philistins avec une mâchoire d’âne, ait trouvé une source d’eau dans une des dents de cette mâchoire, ils diront que cette mâchoire d’âne était celle d’une ânesse ; que cette ânesse était celle de Balaam, dont les ossements n’ont pas cessé de parler et de prophétiser, etc.
Si on leur demande quel était le serpent qui séduisit la première femme, ils vous diront que c’est un serpent de feu qui se replie trois fois autour du monde et qui porte sur ses écailles changeantes les reflets de toutes les formes ; que ce serpent a été percé de deux flèches par Michaël, le prince des Elohim, l’une traverse ses anneaux de haut en bas et l’autre de droite à gauche ; que le serpent ainsi percé ressemble à une triple roue et tourne sans cesse sur lui-même ; que la femme, en devenant mère, lui met le pied sur la tête et l’empêche de dévorer le monde.
Comprenons ce symbolisme admirable, et tous les mystères de la vie nous sont expliqués, et il n’y a plus d’obscurités pour nous dans les prophéties de saint Jean et d’Ezéchiel.
Ces mêmes rabbins disent encore que les cris des femmes qui enfantent sont recueillis par l’ange de la miséricorde et enfermés dans une boîte d’or, et qu’au dernier jour, quand Satan accusera la race humaine devant le tribunal de Dieu et quand les hommes n’auront plus rien à répondre, l’ange ouvrira la boîte, il en sortira une voix plus puissante que toutes les clameurs de l’enfer, et tous les enfants d’Adam seront sauvés par le plaidoyer sublime formé d’un seul cri : le cri libérateur de toutes les mères !
Tous seront sauvés, c’est-à-dire tous ceux qui voudront l’être. Le bien ne se concilie jamais avec le mal, et la liberté humaine étant inviolable, Dieu ne forcera jamais personne à se soumettre à lui et à l’aimer. La liberté nécessite l’enfer éternel.