Un bel enfant versait de grosses larmes :
Un vilain chat avait pris son oiseau.
Pour l’apaiser et lui rendre ses charmes,
On fut chercher un pantin tout nouveau.
L’enfant riait, pleurait, faisait double besogne,
Et son visage alors n’en était que plus beau.
Le rire était pour la mère Gigogne,
Les pleurs étaient pour le moineau.
Un enfant léger et volage
A quelquefois sur le visage
Et le rire et les pleurs ensemble au même instant ;
Peine ou plaisir, on sait ce qu’il éprouve ;
La vérité sur ses lèvres se trouve.
De l’homme fait on n’en sait pas autant ;
Il ne faut pas le juger sur la mine :
Son visage n’est point le miroir de son cœur ;
Et d’après la parole divine,
Tout homme est menteur.

Fables, 1847, Fable 27




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