Un loup pris sur le fait enlevant un mouton,
Allait périr sous le bâton ;
Il eut recours à la clémence
Du bon berger Colin, s'engagea par serment
Et lui promit pour faire pénitence
De s'abstenir exactement
De manger de la chair. On le crut, et, sa grâce
Expédiée, il détale en courant
Sans demander son reste, passe
Près d'un marais, aperçoit dom pourceau
Qui barbotait et se vautrait dans l'eau.
Oh ! oh ! dit-il, ceci n'est chair, je pense,
Mais c'est poisson, et le poisson
(J'ai bien retenu ma leçon)
N'est point compris dans la défense ;
Je puis donc en manger en toute conscience.
Ce qui fut dit fut fait aussi.
Que pourrions-nous conclure de ceci ?
Qu'il ne faut point avoir de confiance
En la parole d'un vaurien ;
Pour la fausser, il a plus d'un moyen.