Le Dénicheur d'Oiseaux Nivet Desbrières (18ème siècle)

Colin allant pour dénicher
Un beau nid de Perdreaux ; la mère
Le voyant approcher,
Lui fit cette prière,
Afin de le toucher.
De grâce, notre Maitre,
Laissez—-moi mes enfants,
Ils ne font que de naitre ;
Quand ils feront plus grands,
Vous reviendrez les prendre.
Hélas ! daignez attendre
Encore quelque temps.
Dés qu'ils m’auraient perdue ;
Vous le verriez mourir :
Je puis bien les nourrir,
Tant qu’ils sont sous ma vue
Madame, dit Colin,
Avec un ris malin,
Vous traitez cette affaire
Comme une tendre mère ;
Mais de vos petits j'ai besoin.
Si leur enfance vous est chère,
Venez chez moi, ce n’est pas loin:
Venez aussi bien que leur père ;'
Et 1a vous en prendrez le foin,
Que je vous laisse ici tranquille,
Avec toute votre famille,
Quand il vous plairait d'en partir ,
Qu'est-ce qui viendrait m’avertir?
Colin, fans dire davantage,
Les enferme alors dans la cage,
Et comme de raison ,
Les porte à sa maison.

La moindre attente
Fait perdre la possession,
Profitez de l'occasion
Qui se présente.

Fables nouvelles, fable 5




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