La Tête à perruque Pierre Bergeron (1787 - 18??)

Tout le monde connaît, je crois,
Ces têtes de carton, de bois,
Que têtes à perruque on nomme,
Et qui nous offrent quelquefois
A peu près des figures d'homme,
Sur lesquelles les Michalons,
Ou d'autres coiffeurs qu'on renomme,
Tressent des cheveux noirs, blancs , châtains, gris ou blonds.
Or, l'une d'elles devint fière
De ses beaux cheveux empruntés.
Dans sa vanité singulière,
Elle s'imaginait qu'ils étaient implantés,
Et remerciait la nature
De sa brillante chevelure ;
Même, pour peu qu'elle eût pu`voir,
Elle aurait du matin au soir,
A ce que la chronique assure,
Minaudé devant un miroir.
Mais le coiffeur un jour lui reprit sa parure ;
Et notre sotte au désespoir
Ne fut plus, ainsi dépouillée,
Qu'une tête de bois, pelée.

Un bon nombre de grands parleurs,
A la faconde impuissante et caduque,
Se vantent de discours qui ne sont pas les leurs :
Ils ressemblent assez à ma tête à perruque.

Fable 21




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