Père ! vois donc ! » disait Pédrille, jeune enfant
Qui regardait espace a travers un vitrage
Des sept couleurs nuancé par fragment,
Vois donc l’étrange aspect qu’offre le paysage !
Tout est d'azur, les cieux, les fleurs et le feuillage ;
Voici que tout est vert ! et maintenant ponceau !
Tour a tour pourpre, azur, émeraude, jonquille,
Suivant la couleur du carreau !
Ecoute » répondit le vieillard à Pédrille,
Moralité bien vraie à prendre en ces vitraux ;
Que ton cœur la retienne et surtout qu'il l'applique !

Nos divers sentiments ont leurs effets d'optique ;
Ce sont tout autant de cristaux
Qui changent la couleur des choses,
Sommes-nous en santé, souffrants, gais ou moroses,
Tour a tour nous voyons noir ou blanc même objet ;
Si l'on doit au bonheur douces métamorphoses,
A travers un esprit inquiet
Il m'est rien qui ne prenne une couleur étrange,
Changeons ! Tout aussitôt autour de nous tout change ! »

Livre VI, fable 4


Hydra, 1" avril 1854.

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