Dans sa source humblement cachée,
Et du voyageur recherchée,
Une fontaine antique, à l'ombre d'un mûrier,
Paisiblement roule son eau limpide
Sur un luisant gravier.
Son murmure semble timide
A côté d'un torrent
De fureur écumant.
« Voisin, dit la fontaine,
Ah ! qu'il est beau r majestueux,
Cet immense domaine
Où tu roules les Ilots bruyants, impétueux !
Comme toi, dans le monde,
One je voudrais précipiter mon onde !
Ce torrent t d'écume argenté,
Ce bruit, par l'écho répété,
Excitent mon envie.
— Reviens de ton erreur !
Préférable est ta vie.
Ah ! le bruit n'est pas le bonheur !
Le bruit marque seul la richesse !
Toujours trouble, orageux,
Je m'agite sans être heureux !
L'écho renvoie avec tristesse,
Ce monotone et lugubre fracas,
Que mes vagues et la tempête
Nuit et jour font dans leurs combats.
Je brille sur un roc, mais, du haut de son faite,
Je vois un précipice entrouvert sous mes pas.
Ton onde est claire et baigne la verdure,
Et la mienne est fangeuse, impure,
Le berger, ou même son chien,
Préfère ton cristal au mien.
Près de ton bruit léger, il rêve, aime et soupire...
L'amateur d'une belle horreur
Vient peu, quoiqu'il m'admire ;
Ma vue inspire une sainte terreur.
Le bonheur que cherche le sage,
C'est ce calme innocent, la douce paiv du cœur,
Et ta vie en offre l'image !... »