Le Pilote et les Passagers Romain Nicolas du Houllay (début 19è)

Sur la côte un vaisseau venait de se briser.
Tout l'équipage en pleurs s'efforçait d'apaiser
Par des cris et des vœux la céleste colère :
C'est fort bien fait, leur dit le pilote irrité,
De leur extravagante et lâche oisiveté,
Que d'invoquer les dieux ; mais vous pouvez mieux faire :
Que chacun sur mes pas et ceux des matelots
Dans le sein de la mer s'élance avec courage ;
Et bravant la fureur des flots
S'efforce ainsi de gagner le rivage.
De vous et de vous seul dépend votre salut.
Les dieux vous ont armés et de force et d'adresse ;
Dans cette cruelle détresse
Usez-en donc. Chacun le crut,
Et chacun fut sauvé. Par sa sublime audace
Le sage nautonier leur fit trouver le port.
S'ils fussent demeurés tranquilles à leur place,
Leurs vœux les eussent-ils délivrés de la mort ?

Livre III, fable 10




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