Le Serin, le Dindon et l'Oison Simon Pagès (17ème siècle)

Un serin libertin, échappé de sa cage,
Après avair charmé tous les lieux d'alentour
Par son agréable ramage,
Vint sautiller sous le feuillage
D'un bel arbre planté dans une basse-cour.
Un oison, un dindon habitaient ce séjour.
Voyant le nouvel hôte, ils vantent son plumage.
(Il était blanc, et moucheté de noir.)
— Ciel! cet oiseau serait une merveille a voir,
S'il n'était point couvert de ces taches noirâtres !
S'écrie en extase l'oison.
— II serait bien plus beau sans ces couleurs blanchâtres!
Repart aussitôt le dindon.
—Monsieur Dindon| erreur; votre noir le dépare,
La couleur blanche l'embellit.
— Erreur, monsieur! le noir le rend un oiseau rare ;
Votre blanc fade l'enlaidit.
Il se panade alors, il est fier comme quatre
De s'en tirer par ce bon mot.
Pour soutenir son droit l'oison allait se battre,
Et faire voir qu'il n'était pas un sot,
Quand le serin chanta. — Quelle voix importune!
Quels cris affreux! quel exécrable son !
S'écrie alors le couple aliboron.
Cette décision commune
Les mit d'accord, et le gentil oiseau
Finit enfin par n'avair rien de beau.

Livre III, Fable 24




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