Un jour, de grand matin, je me dis : Ayons aujourd'hui du plaisir, à la manière des gens du monde. Essayons d'être heureux, à l'instar des heureux du siècle. Je sortis, et j'allai au lever de plusieurs femmes qui passoient pour les plus agréables. Leurs minauderies et leur jargon m'amusèrent pendant la première minute. À la seconde minute je baillai, et courus ailleurs chercher du plaisir. Je me promenai aux jardins publics. Au bout de la première allée, je me surpris baillant, et je me dis : Ce n'est pas encore là du plaisir. Allons nous asseoir à la table d'un riche ou d'un grand. J'attendis au dessert. Le vin m'échaufsa la tête ; mais mon cœur resta froid, et je m'endormis. On me réveilla pour me donner une place à ces beaux spectacles où l'art, dit-on, surpasse la nature, en l'imitant. Avant que la toile fût baissée, je baillai. Une orgie nocturne m'attendoit au sortir d'un bal galant….. Est-ce là le plaisir, me demandai-je, en regagnant mon asyle solitaire, où veilloit ma compagne. Cela se peut ; mais, à coup sûr, (du moins pour moi), le bonheur n'est qu'ici.