Le Loup et le Chevreau Théodore Lorin (19è siècle)

=Un loup allait saisir un timide chevreau,
Qui s'était par mégarde égaré du troupeau.
Ne pouvant échapper à sa dent meurtrière :
« Puisqu'il me faut subir mon déplorable sort,
Dit le pauvret, daignez exaucer ma prière,
Et que du moins, avant ma mort,
Un seul moment je puisse entendre
De votre douce voix le son mélodieux. »
A ce discours insidieux
Le loup séduit se laissa prendre
Et d'un long hurlement fit retentir les bois :
Les chiens, accourus à sa voix,
Lui firent bientôt lâcher prise.
« Je suis payé de ma sottise, »
Soupira-t-il. « Pourquoi par ce rusé flatteur
Me laissai-je inspirer un vain désir de gloire,
Et lorsque je ne suis qu'un barbare écorcheur,
Fus-je un instant assez fat pour me croire
Un habile et brillant chanteur ? »

Livre II, Fable 11


Note de l'auteur : Cette fable offre un léger trait d'analogie avec le vieux fabliau intitulé : dou Lou et de l'Oue (du Loup et de l'Oie), par Jean de Boves. Fable Méon, tom. 3, p.53.

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