Le Paon et le Rossignol Théodore Lorin (19è siècle)

Un paon sottement orgueilleux
De sa queue étalait l'éclatante parure ;
« Quels trésors de beauté je tiens de la nature !
Disait-il : comparez mon port majestueux
A l'inélégante tournure
De cet ignoble et mesquin rossignol
Que vous voyez là-bas rasant le sol. »
« Mon cher, dit une tourterelle,
Quoique moins beau que vous, l'époux de Philomèle
N'a point à se plaindre des Dieux.
Comptez-vous donc pour rien son chant délicieux ?
Si pour votre beauté partout on vous admire,
Par son rare talent il ravit, il attire.
De vous voir fièrement ainsi vous prélasser.
Convenons-en, à la longue on s'ennuie ;
Tandis qu'à sa touchante et douce mélodie
Le cœur revient toujours sans se lasser. »

Livre VII, Fable 15




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