Le Perroquet et le Pinson Théodore Lorin (19è siècle)

« Bon Dieu ! quelle voix faible et grêle ! »
Disait un bavard perroquet,
En entendant, sous l'ombre d'un bosquet,
Les doux accents de Philomèle.
Si ce chantre délicieux
Ne put trouver grâce à ses yeux,
On sent bien que la fauvette,
Le serin et l'alouette,
N'y réussirent pas mieux.
Il lança contre tous des traits injurieux.
Ennuyé de sa rhétorique,
« Mon cher, dit un pinson, à vos goûts délicats
Votre talent répond sans doute ; or la musique
Pour mon oreille a de puissants appas :
Chantez-nous quelque chose.) - « Oh ! non, dit le critique ;
Je puis crier, siffler ; mais je ne chante pas. »

Du perroquet le malveillant délire
Excite nos mépris ; mais chez nous, trop souvent,
Ne voit-on pas l'esprit et le talent
En butte à la lourde satire
D'un censeur stupide, insolent,
Aussi prompt à blâmer qu'impuissant à produire ? »

Livre IX, Fable 14




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