Mars et la Folle Théodore Lorin (19è siècle)

Mars ayant vu l'intrépide Pallas
La lance au poing, le casque en tète,
Épris de ses mâles appas,
Voulut en faire la conquête ;
Mais il advint que par malheur
Le Dieu, tout en voulant exprimer sa tendresse,
De la prude et fière déesse
Par quelques mots grivois alarma la pudeur.
Il fut moins malheureux avec dame Folie ;
Car guerrier sémillant près de nymphe jolie
Doit toujours réussir : il obtint plein succès.
Un beau matin le courage français,
D'ardeur et de folie admirable alliance,
De cette union prit naissance.
Le dieu puissant qui préside aux combats
Doua nos vieux guerriers et nos jeunes soldats
D'impétuosité, d'audace et de vaillance.
A l'aimable Folie ils durent la gaîté,
L'aisance, l'abandon, et la vivacité
Qui sur les cœurs assurant leur empire,
Leur valent chaque jour le gracieux sourire
Et les faveurs de la beauté.