La Puce et la Pucelle Alfred de Montvaillant (1826 - 1906)

De tout temps le beau sexe eut droit à notre hommage
Il le suit un peu trop : fait-on un brin de cour,
Il croit trop aisément qu’on va mourir d’amour.
Je ne m’arrête pas sur son cas davantage.
Un beau gars, pour passer le temps,
Inaugurait une amourette
Avec une aimable fillette,
Dans la saison d’amour, je veux dire au printemps.
Elle pouvait avoir vingt ans.
Belle se croit facilement aimée ;
N’en soufflez pas un mot, toutes s’en flatteront,
Dites-le leur sans rire et toutes vous croiront.
Voulez-vous les dompter, parlez-leur d’hyménée.
Le galant le savait, il se dit amoureux;
Comme une impératrice, elle accueillit ses vœux,
Fit le manège des coquettes.
Divertissement des fillettes.
L’amant, de ses rigueurs, se disait malheureux.
Un jour — la femme est un profond mystère —
D’une humeur un peu moins sévère,
Elle écoutait ce langage si doux.
Que tient un gueux d’amant toujours mieux que l’époux.
En traître, elle se crut en ce jour attaquée.
Au cou porta sa main, exhalant son courroux,
Colin dit en riant : la folle, qu’avez-vous ?
Une puce l’avait piquée.





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