Parmi les habitants de la machine ronde,
Pétris tous d'un même limon,
Tout n'est que vanité, comme dit Salomon.
Parcourez l'air, la terre et l'onde,
Interrogez chaque espèce, à son tour,
Elle vous dira, sans détour,
Qu'elle est la première du monde.
Un sage méditait, le soir d'un jour d'été,
Et du soleil couchant admirait la beauté :
« Que l'homme est grand ! dit-il, le monde est son empire ;
Maître et seigneur de tout ce qui respire,
Dieu créa pour lui seul ce superbe univers ;
Pour lui toutes ces fleurs, pour lui ces fruits divers ;
Et de ce firmament la voûte magnifique ! »
Notre homme, en cet instant, jette un cri de douleur ;
Une puce, au menton, qui jusqu'au sang le pique,
Vient l'interrompre, par malheur :
« De ton orgueil, cette piqûre,
Dit-elle, est la punition.
Tu te prétends le roi de la création ;
Et que sera la puce ? elle est, la chose est sûre,
La première ici-bas, l'homme ne vient qu'après,
Puisque Dieu l'a fait tout exprès
« Pour nous servir de nourriture. »