En Hespérie ainsi qu'en France
Pullule une certaine engeance
Qui veut faire et fait tout, sans exceller en rien.
Écoutons là-dessus une muse espagnole ¹ :
Cette muse, sur ma parole,
En prose comme en vers se connaissait très bien.
Il était un Oison, bête suivant l'usage,
Mais orgueilleux ; le croirait-on ?
Oui, puisque c'était un Oison :
La bêtise et l'orgueil ont étroit parentage.
- Que de dons à-la-fois je reçus en partage !
S'écriait-il ; poissons, quadrupedes, oiseaux,
Oui, je suis le phénix de tous ces animaux.
Suis-je las de marcher, mon aile se déploie,
Et je deviens l'hôte des airs.
Ensuite avec la carpe on voit commère l'oie
Dans l'onde s'égayer, faire cent tours divers.
Un Serpent l'écoutait : - O tête des plus folles !
Lui dit-il ; misérable Oison !
Tu marches, il est vrai, tu nages, et tu voles ;
Mais aussi de quelle façon !
Avec ton allure sans grâce,
Tu ne peux égaler le cerf au pied léger ;
L'alouette au vol te surpasse,
Et le brochet enfin mieux que toi sait nager.