Le Pèlerin égaré Antoine Le Bailly (1756 - 1832)

La nuit sur l'univers avait jeté ses voiles.
On ne voyait plus luire aux cieux
Ni la lune ni les étailes ;
L'ombre enfin régnait en tous lieux.
Un Pèlerin alors errait à l'aventure,
Ne sachant où guider ses pas.
Il marchait égaré dans cette nuit obscure,
A travers des chemins qu'il ne connaissait pas.
Soudain brille à ses yeux une faible lumière
Qui vacille dans le lointain.
Cette clarté l'attire. Ô malheureux destin !
Il tombe en un marais, la tête la première,
Et de là jusqu'au Styx fait bientôt le trajet.
Cette lumière, hélas ! n'était qu'un feu follet.

Ne nous fions jamais à ces clartés douteuses.
C'est ainsi qu'en suivant des routes ténébreuses,
Plus d'un sage s'est écarté
Du chemin de la vérité.

Livre VIII, fable 10




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