L'Élide célébrait ses jeux,
Vaste et brillante arène où la fleur de la Grèce,
Aux acclamations d'un peuple belliqueux,
Déployait à l'envi sa force et son adresse.
Deux athlètes bientôt fixent tous les regards.
De l'Amour ils avaient la grâce ;
Ils avaient la fierté de Mars.
Déjà leurs coursiers pleins d'audace
Font voler la poussière et dévorent l'espace.
Leurs chars semblent portés sur l'aile des Autans,
Et le feu qui jaillit de leurs essieux brûlants
Des héros disparus indique seul la trace.
La victoire, incertaine encor,
Quelque temps entre eux se balance.
D'un pas toujours égal l'un et l'autre s'avance :
Tel on nous peint Pollux à côté de Castor.
Leur course était presque remplie,
Ils allaient partager la palme des héros,
Quand l'un, de sa main affaiblie,
Sent échapper les rênes des chevaux ;
L'autre se livre à des efforts nouveaux,
Touche au but le premier, et gagne la victoire.
Aussitôt dans les airs mille cris élancés
Sont les trompettes de sa gloire.
Le front morne, les yeux baissés,
Le vaincu se retire ; il sort de la barrière.
Soudain vers lui s'avance un vieillard de Lesbos,
Qui le console par ces mots :
Jeune homme, un seul dans la carrière
A pu surpasser tes travaux ;
N'y songe point, mais songe à mille autres rivaux
Que ton char a laissés derrière.