Une pauvre fille filait
Le produit de sa ebanvriêre :
Cest à dire, hélas ! que la misère
Avec elle logeait.
Tourne, maudit fuseau, disait notre filciise,
Tu n'apportes que pauvreté :
Si je filais «le l'or, que je serais heureuse !
Le voeu fut écoulé.
Voilà l'or, lont-à-coup, remplaçant la filasse,
Et notre fille, au comble du bonheur,
Rendant au ciel grâce sur grâce,
Et filant do tout cœur.
Le soir du premier jour elle était déjà riche»
Elle pouvait en rester là ;
Mais l'ambition s'en mêla,
Partout l'ambition se niche.
Plus de repos, le jour, la nuit encor ;
La bobine remplie, une autre aussitôt pleine ;
Si grande fut l'ardeur, si grande fut la peine,
Que la fileuse, un jour, y rencontra la mort.
Des trois quarts des humains c'est, je pense, le sort.

Livre II, fable 15




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