Le Hêtre et le Saule Auguste-Alexandre Simon (1791 - 18**)

Un plant de hêtre, un fil sorti de terre,
Auprès d'un saule s'élevait ;
Celui-ci, chaque jour, en grandeur dépassait
Le hêtre son confrère.
Plus fier il n'était point ;
Si quelque orage
Agitait ses rameaux, déchirait son feuillage,
Il pensait moins à lui qu'à son petit voisin.
La nature arrêta se précoce croissance ;
Il fut bientôt atteint et bientôt dépassé ;
De printemps en printemps par la sève poussé,
Le hêtre jusqu'au ciel éleva sa puissance.
Mais pour atteindre sa hauteur,
Ne point courber la tête,
Pour résistera la tempête,
Ses racines, au loin, vont porter la terreur.
Tout souffre autour de lui, tout languit, tout se fane ;
Privés d'air, de soleil, sous leurs rameaux pendants,
On vit se dessécher les précoces bois blancs ;
De là vient que tomba l'écorce du platane ;
Que du saule naquit l'espèce du pleureur.
Image de regrets, incliné vers la terre»
Il semble, hélas ! pleurer sur l'urne funéraire,
Où nous l'avons placé pour peindre la douleur.
Il dit en gémissant, et pour toute vengeance :
« Hêtre, rappelle-toi ce qu'autrefois lu fus :
Je meurs sous tes rameaux touffus
Que j'avais protégés au temps de notre enfance !... »
Grand voisinage est dangereux ;
Vis avec tes pareils, si lu veux vivre heureux.

Livre II, fable 12




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