Le Saule pleureur et le Baguenaudler Théodore Lorin (19è siècle)

« En vérité, le jardinier
Avait trop bu d'un coup, lorsqu'il eut la pensée
De planter cet ignoble et laid baguenaudier
Près de moi, dans la même allée. »
Ainsi parlait avec humeur
Un superbe saule-pleureur.
« Certes, dit l'arbrisseau, je suis loin de prétendre
Que l'on puisse jamais me comparer à vous.
Peut-être cependant, si vous daignez m'entendre,
Parlerez-vous d'un ton plus doux.
Je n'ai pas, comme vous, un port plein de noblesse,
Ni la touchante majesté,
La mélancolique souplesse
Qui de la sensibilité
Offrent en vous l'image enchanteresse.
Nul poëte, inspiré par une douce ivresse,
Dans de beaux vers ne m'a chanté :
Pourtant, je ne suis pas sans-quelque utilité.
Quand votre aspect, inspirant la tristesse,
Fait répandre des pleurs et pousser des soupirs,
Ma baie à l'aimable jeunesse,
Quelquefois même à la grave vieillesse,
Procure d'innocents plaisirs. »

Livre II, Fable 7




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