Docile au frein, un généreux coursier
Dressé par les leçons d'un habile écuyer,
Incessamment, avec une ardeur sans pareille,
Marchait au pas, puis trottait, galopait :
Chacun à l'envi l'admirait.
« Voilà vraiment une belle merveille ! »
S'écrie en ricanant un léger écureuil.
Puis il ajoute avec orgueil :
« J'en fais mille fois plus. Avec quelle prestesse,
Quelle vigueur, quelle souplesse,
Au haut d'un arbre on me voit m'élancer,
Sur ses branches me balancer,
Et puis redescendre au plus vite !
Du matin au soir je m'agite :
A cet animal si vanté
Je ne le cède en rien pour la vivacité ;
Cependant on l'admire, et moi l'on me méprise. »
« Mon cher, dit le cheval choqué de sa sottise,
Je demeure d'accord de ton agilité :
Tu semblerais avoir des ailes ;
Mais de tes courses étèrnelles
Dis-nous un peu quelle est l'utilité. »