Le Cheval et l'Ecureuil Théodore Lorin (19è siècle)

Docile au frein, un généreux coursier
Dressé par les leçons d'un habile écuyer,
Incessamment, avec une ardeur sans pareille,
Marchait au pas, puis trottait, galopait :
Chacun à l'envi l'admirait.
« Voilà vraiment une belle merveille ! »
S'écrie en ricanant un léger écureuil.
Puis il ajoute avec orgueil :
« J'en fais mille fois plus. Avec quelle prestesse,
Quelle vigueur, quelle souplesse,
Au haut d'un arbre on me voit m'élancer,
Sur ses branches me balancer,
Et puis redescendre au plus vite !
Du matin au soir je m'agite :
A cet animal si vanté
Je ne le cède en rien pour la vivacité ;
Cependant on l'admire, et moi l'on me méprise. »
« Mon cher, dit le cheval choqué de sa sottise,
Je demeure d'accord de ton agilité :
Tu semblerais avoir des ailes ;
Mais de tes courses étèrnelles
Dis-nous un peu quelle est l'utilité. »

Livre II, Fable 8




Commentaires