Le Cheval de bataille devenu vieux Théodore Lorin (19è siècle)

Un coursier généreux, qui jadis à l'armée
Avait acquis par ses faits glorieux
Une brillante renommée,
Étant enfin devenu vieux,
Vit sa vieillesse condamnée
À tourner tristement la meule d'un moulin.
Le malheureux accusait le destin.
« Hélas ! soupirait-il, jadis à la victoire
Sous mon maître, guidant de valeureux guerriers,
Je partageais dans les champs de la gloire
Et leurs périls et leurs lauriers.
Faut-il me voir, dans ma vieillesse,
Réduit à cet ignoble et pénible métier !. »
« Mon ami, lui dit le meunier,
Modère un peu cette amère tristesse.
Sur ton sort, je le sens, chacun doit s'attendrir ;
Mais de ta pauvreté tu n'as point à rougir,
Et de ton antique prouesse
Il te reste du moins le noble souvenir. »

Livre II, Fable 14




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