Au pied d'une colline aride
Une fontaine jaillissait,
Et de temps en temps remplissait
Un frais bassin creusé par son onde limpide.
Rarement elle suffisait
Pour former un ruisseau qui baignât la vallée ;
Car le soleil la tarissait,
Et nulle ombre, nulle feuillée,
Des feux brûlants du jour ne la garantissait.
Dans le temps qu'elle en gémissait,
Voilà qu'un jeune saule, enfant de la nature,
Non loin d'elle dépérissait,
Abaissant sa pâle verdure
Que nulle eau ne rafraîchissait.
La fontaine compatissante
Elle-même s'oublie en le voyant souffrir,
Et pour aller le secourir,
Elle fait un effort et détourne sa pente.
Tout à l'entour du tronc, déjà mort à moitié,
Bientôt le doux ruisseau serpente ;
Il baigne la racine, il humecte le pied,
Il renouvelle enfin la sève nourrissante
Qui monte, qui circule en maint vaisseau caché,
Et reporte la vie à la tige mourante
Du pauvre saule desséché.
Soudain il reverdit, il étend son feuillage,
Il se penche, non plus par défaut de vigueur,
Mais pour couvrir de son ombrage
La fontaine, sa tendre sœur,
Sa bienfaitrice, son amie,
Celle qui lui rendit la vie,
Et dont il peut enfin être le protecteur.
A son tour, il veille sur elle ;
Son ombre de la source entretient la fraîcheur ;
S'échappant du bassin, l'onde à grands flots ruisselle,
Et va courir dans le vallon,
Parmi les fleurs et le gazon
Qu'elle embellit et renouvelle.
C'est ainsi qu'il se faut l'un l'autre secourir :
Est
La bienveillance mutuelle
pour nous tout profit, comme elle est tout plaisir.