Un roi tout seul se promenait.
Cela n'arrive guère ;
Probablement qu'il s'ennuyait ;
C'est assez l'ordinaire.
C'était un Roi du bon vieux temps ;
Il aimait les beaux yeux, il aimait boire et battre ;
C'était un diable à quatre,
Ame et cœur excellents.
Avec un vieux Berger le voilà face à face ;
Celui-ci pour tout bien n'avait que son troupeau.
Que sa houlette et son manteau ;
Dos chiens bien efflanqués, mais d'excellente race.
Ami, lui dit le Roi, je te fais compliment,
Si depuis ton enfance
Tu conduis ton troupeau toujours si sagement,
Tu fais honneur à notre France.
Merci, mon beau Monsieur, mais si ma pauvreté
Se changeait en richesse,
Vous verriez bien plus belle espèce ;
Que ne suis-je. berger de quelque Majesté !
— Bon Pasteur, qu'à cela no tienne.
Tu vois là bas ce beau domaine,
Ces pré'-, ces bois, ces terres, ces vergers ;
Ils sont à toi, sois le Roi des Bergers.
A ces mots il quitte notre homme
Qui croit sortir d'un heureux somme ;
D'un rêve plus heureux encor ;
Il est heureux, il a de l'or ;
Il a des biens sur celte terre,
Bien autre chose à faire
Que soigner son troupeau.
11 jette bas son vieux manteau,
Et sa besace, et sa houlette,
Sa charmante musette.
Ceci fit l'affaire des loups....
Cher lecteur, tu devines :
Quand la couronne d'or remplace les épines,
Les malheurs sont bien près de nous.
Pauvre Berger, si tu ne reprends ta houlette,
Ta besace et ton vieux manteau,
Tes bons chiens, ta chère musette,
Les Loups disperseront, mangeront ton troupeau.
Je termine
Par un sage conseil d'une source divine.
Pour sauver mes Brebis, Pasteurs, portez ma croix :
Non celle en or, mais celle en bois :
Celle où mourut un Dieu ! JÉSUS, le Roi des Rois.