De ses ruses, de son adresse,
Un vieux chat se vantait sans cesse.
— « Je suis, s’écriait-il, vif, alerte et dispos ;
» Les souris, que mon œil fascine,
» Ne peuvent se soustraire à ma dent assassine ;
» Je ne leur donne enfin ni trêve, ni repos.
» On vous a parlé, dans l’histoire,
» D’un chat qui fait le mort, qui se pend au plancher ;
» Tous ces tours-là des miens ne sauraient approcher. »
Un jour, devant un auditoire
Composé d’autres chats, pour la centième fois,
Il racontait ses merveilleux exploits,
Quand tout-à-coup, à l’étourdie,
Une souris sort de son trou,
Et vient rôder près d’eux ; c’était chose hardie.
— « Mon compère, fit un matou,
» C’est le cas de montrer ce que vous savez faire ! »
— « D’un instant ce sera l’affaire :
» Attention ! » répond notre vieux fou.
Il dit, et lourdement s’élance
Sur la jeune souris, qui, sans expérience,
Dans un coin se laissa traquer…
Mais des autres matous grande fut la surprise :
Jugez si du vantard ils durent se moquer,
En découvrant, quand la souris fut prise,
Qu’il n’avait plus de dents pour la croquer.





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