Un cavalier, tant que dura la guerre, donnait à son cheval large pitance d'avaine et de foin, trouvant en lui dans les combats un vaillant compagnon. La campagne terminée et la paix revenue, le cavalier ne recevait plus de solde du peuple ; le cheval alors allait à chaque instant de la forêt à la ville, traînant de gros troncs d'arbre ; on le louait pour porter des fardeaux de côté et d'autre ; il soutenait à peine sa vie avec quelques misérables chaumes, et son dos ne sentait plus la selle. Mais dès qu'un nouveau cri de guerre retentit autour de la ville, que la trompette invita tous les citoyens à fourbir leurs boucliers, à harnacher leurs chevaux, à aiguiser le fer, le maître remit le frein au cheval, le fit avancer et se disposa à le monter. Le cheval épuisé tomba sur ses genoux : « Va, lui dit-il, va t'enrôler à pied dans les hoplites ; de cheval tu m'as fait âne ; comment d'âne pourras-tu me faire redevenir cheval ? »