La Mort-aux-Rats Baron de Stassart (1780 - 1854)

« Ah ! que du peuple souriquois « Je maudis l’infernale engeance! « Quand le jour baisse, en tapinois « Vers mon réduit mainte souris s’avance. « Pour forcer les verroux elles ont un secret ! « Aussi, chaque matin c’est un nouveau méfait, « Et je tremble d’entrer dans ma bibliothèque. « Que vois-je? un superbe Sénèque « En lambeaux , ainsi que Charron ! « Hier c’était un Cicéron, « Et demain ce sera Voltaire. « Si du moins V…. ou Cotin , « Nonotte, Lesuire ou Laserre, « Ou tel autre ennuyeux bouquin, « Suffisait pour les satisfaire ; « Mais point du tout, et mon malheur « Veut que toujours souris agisse en connaisseur. « Grand remède à grands maux! c’est la règle ordinaire. « Sans tarder marchons en avant. » Ainsi parle et se désespère Un philosophe? — Oh! non, mais un savant Qui, fort souvent, S’abandonnait à la colère. D’abord à son secours il fait venir les chats , Puis sème de la mort-aux-rats , Poison de la plus fine espèce. Notre homme en us croit voir ses ennemis à bas. Quel est pourtant le fruit de sa rare sagesse ? Trotte-menu du piège évite les appâts, Et Rominagrobis meurt en s’y laissant prendre. Ceci prouve qu’il faut apprendre A prévoir sagement les divers résultats. Ajoutons que, dans tous les cas, Fût-ce même pour se défendre, Il est fort dangereux d’employer le poison : Le chat devait suffire ; un moyen, s’il est bon, A plusieurs est bien préférable : Voilà trois vérités qui naissent d’une fable.





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