Le Chien et les Loups Baron de Stassart (1780 - 1854)

Malheureux qui doit vivre en un pays de loups ! A chaque instant nouvelle alerte! Il faut s’attendre à mainte perte : On ne peut pas toujours être sous les verrous, Et l’ennemi vous déconcerte, S’il vient, à l’improviste, à vous porter ses coups. De la fidélité rare et parfait modèle, Un chien actif et plein de zèle Surveillait un nombreux troupeau. D’abord tout marche bien : Mouflard fait bonne garde, Et plus d’un loup qui se hasarde Sur-le-champ trouve son tombeau. Pourtant, la nuit, le jour, être sur le qui-vive ! Sans cesse avoir combat nouveau ! Quelle existence ! et quelle perspective ! La guerre sur la défensive N’est pas sans inconvénients : Seul contre tous, avec le temps, On doit succomber, c’est l’usage. Mon chien, quoique prudent et sage, Se laissa surprendre au sommeil. Colin, jeune berger, négligent et volage, Au mépris du devoir, s’amusait au village. L’ennemi se présente : ô trop affreux réveil! On propose à Mouflard la vie ; Mais hélas ! à quel prix, grands dieux ! Laissera-t-il égorger, à ses yeux, La troupe innocente et chérie De ses brebis, de ses agneaux?… Deviendra-t-il ainsi complice des bourreaux ?… Loin de lui cette félonie ! En défendant la bergerie, Noble Mouflard ! il meurt… Tout cède à la furie Du plus cruel des animaux. Fermes appuis de la patrie, Pour devise adoptons celle de mon héros : « Plutôt la mort que l’infamie ! »





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