Pour gouverner les animaux
Avec plus d’ordre et de méthode,
Le roi lion veut rédiger un code.
On a vu Frédéric, Pierre et d’autres héros
Mettre cet usage à la mode.
Diversité de lois est souvent incommode ;
Qui règne aime à pouvair s’expliquer en deux mois.
Cependant il fallait en un corps de doctrine
Rassembler les matériaux.
Dès lors, notre prince imagine
D’avair autour de lui des conseillers d’Etat,
Qui prendra-t-il ? De l’ours on fait état,
Mais il est brusque en son langage.
Maître bœuf est trop lent ; trop prompt est le cheval ;
Bertrand n’a pas Je maintien assez sage ;
On trouve l’écureuil trop chétif personnage ;
L’âne est un bien sot animal ;
L’éléphant est disert, c’est seulement dommage
Que par trop de science il blesse et décourage ;
Le léopard se montre impérieux ;
Messire loup parait trop odieux ;
Le chevreuil est doux mais timide,
Le tigre beaucoup trop perfide,
Et le bélier trop généreux.
Du renard même on craignit la finesse ;
Bref, au rebut fut mise chaque espèce :
Le monarque était ombrageux ;
Il crut devoir, dans sa sagesse,
N’admettre que des chiens couchants.
Parmi nous, bien des rois ne sont pas moins prudents.