Le Fermier et les Chiens de Basse-cour Baron de Stassart (1780 - 1854)

M aitre Thomas venait de prendre femme
Et métairie encor par-dessus le marché.
« La prudence, dit-il, réclame
« (Lorsque tout le monde est couché)
« Des chiens pour faire bonne garde,
« Et mettre à la raison voleur qui se hasarde.
« Allons, sans différer, je veux
« Me procurer deux dogues vigoureux. »
Il les prend tels qu’il les désire.
Qu’arrive-t-il ? au moindre bruit
Chiens d’aboyer! D’abord on les admire;
C’est fort bien ; mais toute la nuit
Ils firent semblable vacarme :
Morphée emporta ses pavots
Loin de la ferme en proie à mainte alarme.
Plus de repos !
Comment, le lendemain, se livrer aux travaux?
Rien ne marchait ; on le conçoit, je pense.
Éclairé par l’expérience,
Thomas a bientôt mis dehors
Ses deux bavards gardes-du-corps.
Il en choisit, enfin, qui veillaient en silence ;
Alors tout en alla bien mieux.

Pour suivre des méchants la ligue ténébreuse,
Pour déjouer leurs complots odieux,
La police toujours doit avoir de bons yeux.
Mais sans se montrer querelleuse,
Sans effrayer les potentats;
Car police trop ombrageuse
Devient le fléau des états.





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