La Girouette d un vieux château,
Qui pour lors était immobile ,
Gourmandait un moulin, tournant au gré de l’eau,
Hé, finis donc, maudit nid d’étourneau !
Tu ne fais que tourner, finis donc, imbécile
Regarde-moi; j’ai bien changé de ton.
Le monde me prenait pour une tête folle;
Fi ! cela tourne à tout vent, disait-on.
Il n’en sera plus rien, j’en donne ma parole ?
Mes ressorts, dieu merci, sont rompus ou rouillées;
Et sans flotter au gré d’Éole,
En personne sensée, aujourd’hui je m’assieds.
Les miens sont bons, dont au ciel je rends grâce,
Dit le moulin. Au point du jour,
Le maître vient sur sa terrasse,
Et chacun d’eux de lui faire fa cour.
L’un s’écria : je tourne encore;
L’autre dit : je ne tourne plus.
Le maître alors : tais-toi, pécore ;
Quelles font donc aujourd’hui tes vertus?
Je vous mis là tous deux, si j’ai bonne mémoire,
Lui, pour moudre du bled, toi, pour marquer le vent:
Quoi ! tu n avais que ce talent;
Et de l’avoir perdu, tu te fais une gloire ?
Hors d’ici ! Le maître soudain
Abattit la girouette, et garda le moulin.