La Girouette et le Hibou Pierre Duputel (1775 - 1851)

D'un vieux clocher, que certaine chouette
Avait choisi pour logement,
Un beau matin la girouette
Etant conduite par le vent,
Près du trou qui servait à l'oiseau de retraite,
Après maint et maint compliment,
Qu'en pareil cas prescrit l'usage :
« Je rends grâces au ciel, d'un pareil voisinage,
Dit-elle ; enfin, de moi, les dieux ont pris pitié !
Puisque vous habitez maintenant ce parage,
Permettez que de l'amitié
Avec vous le doux nœud me lie.
Toujours seule en ces lieux... Je périssais d'ennui !
Mais, à l'espoir d'y vivre en compagnie,
Je me sens renaître aujourd'hui.
Si vous le trouvez bon, nous jouirons ensemble
Des plaisirs enchanteurs de la société,
Chaque fois que de ce côté
L'aquilon soufflera.... Dites, que vous en semble ?
Ce que vous proposez, à parler franchement, »
Lui répondit l'oiseau, voisine, pourrait plaire
A bien des gens pour qui le sentiment
N'est qu'une brillante chimère ;
Mais j'en juge différemment ;
Et j'aime mieux rester seul dans mon hermitage
Que d'avoir des amis qui, vains jouets du vent,
Ont, comme lui, l'inconstance en partage. »

D'après ce mot, je ne m'étonne pas
Que du hibou, chez plus d'un peuple sage,
On ait fait autrefois l'attribut de Pallas.

Fable 21




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