Un Coq de peu d'expérience,
Sur un toit vit un animal
Qui des Coqs avait l'apparence ;
Il portait bec pareil, avait plumage égal ;
Mais de chair point : c'était un flexible métal
Que l'on mit là pour Girouette.
Ce Coq ainsi bâti lui parut un rival.
Le voilà sur le toit ; et, d'un air de conquête,
Bientôt de la bataille il donne le signal.
Cet objet redoublant sa rage,
Il y vole aussitôt ; hérisse son plumage ;
Et de ses éperons tranchants,
De son bec acéré, de ses bruyantes ailes
Il cherche à lui percer les flancs.
Et se fait à lui seul cent blessures cruelles.
Pendant qu'il s'escrimait, un tourbillon de vent
Vient, s'élève ; et, dans cette affaire,
La Girouette se mouvant
Abat d'un coup mon Coq ; le prend en sens contraire ;
Le roule à droite, à gauche, et le jette à cent pas,
Tout sanglant, meurtri, sans haleine,
Et portant sur ses os la peine
Du fou qui va braver ceux qu'il ne connaît pas.