Venez, Robin, en pâturant l'herbette,
Vous devez être assourdi par le son
De cette ennuyeuse sonnette.
Approchez, sur votre toison
Une épine, je crois, non, c'est une branchette.
Voulez-vous que, sous la coudrette,
Je vous fredonne la chanson
Qu'un jour je fis pour ma fanchette,
Bien moins que toi succulente, blanchette !
Aimes-tu mieux un air de ma musette ?
Dis, mon Robin ! De ce Robin,
Après un aussi doux langage,
Qui n'enivrait l'heureux destin.
Certe, il est plus heureux même que le serin
Que fanchette nourrit en cage.
— Il est heureux !.. Mais, à Pâque prochain,
Venez faire un tour au village ;
Demandez Robin et Guillot ;
Vous verrez un Guillot, Guillot au cœur de roche,
Ayant mis Robin à la broche.
— À la broche !—Peut-être en rot.
— Mais ces douceurs qu'à perdre haleine
À son Robin... — Bah ! bah ! c'est qu'à sa fine laine
Il préjugeait de Robin le gigot
Devoir être archifin, succulent, en un mot
Gigot sentant le thym, la marjolaine I
— C'est donc un gastronome !... Et le joli «erin
Que fanchette, soir et matin
Baisait, qu'elle échauffait dans son joli corsage.
— Ah ! c'est qu'alors on aimait son ramage.
Ne chantant plus, au chat, en guise de fromage
On l'a donné : ce fut un déjeûner de moins.
Sans l'espoir d'en tirer un certain avantage,
Croyez-vous que d'autrui l'on prenne tant de soins.