Un Philanthrope allait rêvant
Tout le long d'un Ruisseau dont il aimait la rive,
Et parlait seul, comme il arrive
A tout penseur, à tout savant.
Que de bien, disait-il, ce cours d'eau sait répandre !
De lui cette contrée a reçu le bonheur ;
Il seconde l'agriculteur
De ses flots, qui nous font entendre
Un murmure plein de douceur.
Dans son trajet conservateur
Il n'est pas le torrent qui renverse, qui brise,
C'est le mouvant cristal qui brille et fertilise.
Mille fleurs, mille fruits, sur ses rives penchés,
Dans le sol qu'il humecte ont aspiré la vie.
L'usine ingénieuse, enfant de l'industrie,
Tournant sous les efforts en ses ondes cachés,
Fait par d'heureux produits prospérer la patrie.
Goule, aimable Ruisseau, daigne le Tout-Puissant
Te donner de longs jours aux vallons où nous sommes,
Et, semblable à l'ami des hommes,
Fais du bien sur terre en passant.
Mais si, soumise aux lois du monde,
Où toute chose doit finir,
Ta source vient à se tarir,
Trop libérale de son onde>
Par toi cette campagne, encor longtemps féconde,
Du laboureur joyeux remplira les souhaits,
Et l'on bénira sur la plage,
A l'endroit où fut ton passage,
Le souvenir de tes bienfaits.
ENVOI
Dans mes faibles vers je voulais
Peindre un ministre intègre, un bienfaiteur, un sage.
Pour l'offrir en exemple à nos derniers neveux ;
Ce limpide Ruisseau vient de combler mes vœux
En réfléchissant votre image.