La Prairie et le Ruisseau Simon Pagès (17ème siècle)

Dans les beaux jours de son printemps ,
Une prairie étalait tous ses charmes:
L’aurore, de ses douces larmes ,
La couvrait de rubis brillants,
De perles et de diamants.
Qui n’aurait admiré son tapis de verdure?
Flore, de sa divine main ,
Formait cette riche parure
Des trésors sortis de son sein.
Un ruisseau d’une eau turbulente
Était jaloux de ses appas;
Le barbare ne l’aimait pas;
Tl lui faisait souffrir son humeur outrageante.
L'ingrat ! il avait bien des torts.
Comment le traitait-elle? elle parait ses bords:
Grossi par des torrents de pluie,
Un jour, c’était la fin du plus dur des hivers,
Il couvrit de limon l'innocente prairie ,
Croyant, par ce honteux revers,
Le sot! Va voir anéantie,
Le soleil printanier brilla de tous ses feux.
Ce terrible limon fat un engrais heureux,
Et de nouveaux attraits elle fat embellie.

Souvent tel croit nous avoir nui,
Qui nous a servi malgré lui.

Livre I, Fable 2




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