L'Écolier et la Vérité Simon Pagès (17ème siècle)

Un écolier allait, venait à l’aventure ,
Dans les sentiers d’un petit bois;’
Tous les objets de la nature
Lui faisaient entendre leur voix;
Ils parlaient avec lui; c’est ce que je veux dire.
La colombe, en un doux délire.
Lui disait : Aime comme moi ;
De la nature suis la loi.
La poule promenant sa petite famille,
Avec un vif amour, haussant sa voix d’un ton :
Si tu veux, homme fait, avoir race gentille
Pour soigner tes enfants, viens prendre une leçon.
De la fidélité je suis l’heureux symbole,
Disait le chien, à l’homme étroitement uni.
Dans le chagrin, qui te console ?
Hélas! un véritable ami.
Dans tes beaux jours travaille avec courage,
Criait sans cesse la fourmi.
La cigale chantai!; c’est vraiment être sage;
De la paresse on est toujours puni.
Enfin les oiseaux du bocage,
Insectes, arbrisseaux avaient môme langage.
Notre écolier était dans le ravissement,
Lorsque tout-à-coup il entend
La foudre avec éclat, et du sein de la nue
Une grande déesse apparaît à sa vue,
Et dit : Rassure-toi, je suis la Vérité;
Lorsque je parais toute nue,
L’on me profane, l’on me hue ;
On m’aime quand je prends un langage emprunté.

Livre I, Fable 1




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