Le Ruisseau et le Sablon Simon Pagès (17ème siècle)

Avast de rafraîchir de son onde chérie
Le vert gazon d'une prairie,
Un ruisselet roulait ses petits flots
Sur une couche sablonneuse.
(Faisons le récit en deux mots)
Un orage survint ; la famille pierreuse
Suivit rapidement la pente de ses eaux,
Et prés d'un roc fut laissée en monceaux.
Sablon tout fier, après l'orage,
Arrête ruisselet, en bouchant son passage.
Importun, lui dit-il, tu mourras en ces lieux;
Ici finit ton cours capricieux.
Ami, lui repart-il, laissez aller mon onde;
Au bon Lamon je vais faire du bien ;
J'arrose sa prairie, et la rends plus féconde.
Aussi dur que le roc, sablon ne répond rien.
(Ne craignez point, tendre herbette,
Pompon, aimable violette)
Ruisselet,
En secret,
Sous le sablon déjà s'ouvre une issue,
Et va, joyeux, loin de sa vue,
Avec de doux gazouillements,
Aux fleurs répandre ses présents,
Petit jaloux, je ris de ta barrière.
Malgré l'obstacle des méchants,
Les bons trouvent toujours le moyen de bien faire.

Livre II, Fable 25




Commentaires