Un ruisseau qui prenait sa source en un coteau
Gagnait rapidement là pleine..
En descendant il rencontre un jet d'eau.
« Lorsqu'en ma course aérienne,
Dit celui-ci, je te vois humblement
Le front eourbé sous l'herbe,
Aller je ne sais où, je te plains bien, vraiment ;
Tandis que ma tête superbe
Etonne le regard en étalant à l'œil
Tes sept couleurs qui font môn juste orgueil.
Je te souhaiterais semblable destinée. »
€ La mienne est assez fortunée,
Je n'en veux pas changer^ répondit le ruisseau,
Pauvre jet d'eau,
Je te plains bien moi-même
Quand je te vois sortir de là source suprême
Qui forme mon berceau
La pesanteur de l'onde et l'effet du niveau,
Voilà ce qui t'élève !
Et tes vives couleurs te viennent du soleil !
O mon frère, donne trêve
A tôt orgueil sans pareil ;
Il n'est de grandeur réelle
Que la grandeur personnelle ! »