Le Ruisseau et le Jet d'eau Eugénie et Laure Fiot (19ème siècle)

Un ruisseau qui prenait sa source en un coteau
Gagnait rapidement là pleine..
En descendant il rencontre un jet d'eau.
« Lorsqu'en ma course aérienne,
Dit celui-ci, je te vois humblement
Le front eourbé sous l'herbe,
Aller je ne sais où, je te plains bien, vraiment ;
Tandis que ma tête superbe
Etonne le regard en étalant à l'œil
Tes sept couleurs qui font môn juste orgueil.
Je te souhaiterais semblable destinée. »
€ La mienne est assez fortunée,
Je n'en veux pas changer^ répondit le ruisseau,
Pauvre jet d'eau,
Je te plains bien moi-même
Quand je te vois sortir de là source suprême
Qui forme mon berceau
La pesanteur de l'onde et l'effet du niveau,
Voilà ce qui t'élève !
Et tes vives couleurs te viennent du soleil !
O mon frère, donne trêve
A tôt orgueil sans pareil ;

Il n'est de grandeur réelle
Que la grandeur personnelle ! »

Fables nouvelles, Livre V, Fable 10, 1851




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