La fille d’un maître-coiffeur
Des plus naïves jouvencelles,
A cet habile observateur
Et garant des modes nouvelles,
Disait du plus aimable ton :
» Papa, je tiens un papillon,
De la couleur de mes prunelles;
Mats bien étroites sont ses ailes ;
Regarde un peu : n’y pourrait-on
En ajuster à ta façon
De plus larges, sinon plus belles,
Ainsi que tu fais des cheveux
Que n’ont pas au gré de leurs vœux
Nos dames et nos demoiselles ?
» Le bon père, en homme érudit,
Complaisamment lui répondit :
» Ma foi, tu me fais là, mon ange,
Une question fort étrange
Et qui fait tort à ton esprit :
Les insectes sont de nature
A changer tous seuls de figure ;
Chenille devient papillon,
Et papillon devient chenille ;
Mais on est d’une autre famille,
Lorsque l’on porte un faux chignon,
Et ce n’est pas toujours ma faute,
Quand cet appendice est outré;
On ne souffre pas que j’en ôte,
Si j’entends qu’il soit modéré ;
C’est pourquoi de cheveux postiches
Tant de femmes se font trop riches.
On ne peut redire assez haut :
L’excès partout est un défaut. »