La Douceur et l'Humanité
Ne peuvent que bien faire et sont toujours heureuses
L'entêtement, la dureté
Ont souvent des suites fâcheuses.
La Cigale autrefois l'apprit à ses dépens,
Elle eut le sort de bien des gens.

La Cigale chantait durant ta Canicule
Pris des lieux ou dormait Monseigneur le Hibou
En Attendant le Crépuscule,
Ces sons perçants réveillent dans son trou.
Finissez, dit-il, je vous prie,
Abrégez vos concerts, ignorez-vous, Mamie,
Que les Hiboux comme les gens de Cour
Veillent la nuit, dorment le jour ?
J'ai besoin de sommeil et non de mélodie.
U eut beau la prier, la Cigale tint bon,
Bientôt il prit un autre ton.
Vous me forcez enfin d'abandonner Morphée,
Pour Orphée,
Mon sort est assez doux puisque je vous entends,
De ce Chantre fameux vous effacez la gloire :
Mais c'est assez chanté pour boire.
Ça, venez avec moi passer quelques instants,
J'ai du Nectar que m'a donné Minerve,
Je le réserve
Depuis longtemps
Pour quelqu'un du plus grand mérite ;
Il vous est dû, souffrez que je m'acquitte.
La Chanteuse altérée et se sentant louer
Par ce discours flatteur se laisse amadouer,
S'approche du Hibou qui l'écrase et se venge.

Qui pourrait éviter l'appât de la louange ?
J'ai beau vous avertir qu'on doit s'en défier,
J'y serais pris tout le premier.

Livre I, fable 4




Commentaires